Voici une belle sortie alpine complète en compagnie d'Antoine : " sorbet à la touffe " , voie ouverte le 25 février 2012 par deux collègues : Benjamin Ribeyre et Léo Billon. Cette voie remonte une ligne de faiblesse dans la face Nord de la Pointe centrale du Ferouillet qui culmine à 2571 mètres. L'approche depuis le pont de la Betta jusqu'au lac gelé de Crop est sèche et se fait rapidement. S'ensuit une montée raide jusqu'au pied des difficultés sur de la neige dure qui facilite l'approche. L'attaque se situe à gauche du couloir central suspendu. Un premier ressaut puis on remonte un couloir jusqu'à un col (cairn) où les difficultés commencent. Une première longueur en M3 remonte les gradins pour arriver dans un dièdre. On fait relais dans une niche (bloc coincé) sous le dièdre surplombant (60 mètres depuis le col). Après le relais dans la niche, la voie contourne par la gauche le dièdre surplombant puis revient dans le dièdre pour faire relais dans une autre niche (sur bloc coincé et friends). Pensez à bien gérer le tirage sur cette longueur de 40 mètres de difficulté M4. Depuis le relais, bien traverser à gauche pour franchir un petit surplomb (1 vieux piton) car le rocher est fracturé au dessus du relais. "Le" petit pas technique de la longueur (M5) consiste à bien ancrer ses piolets assez haut pour pouvoir monter les pieds au dessus du surplomb. On remonte ensuite le dièdre pour faire relais sur une vire à droite du dièdre (relais sur friends). S'ensuit une belle longueur (M5+ continu) homogène de 70 mètres (on peut couper la longueur et faire un relais intermédiaire si besoin). On passe dans le dièdre puis sur le fil du pilier à sa gauche (1 piton) pour revenir dans le dièdre lorsqu'il s'élargit (relais sur cablés ou friends). Une dernière longueur dans le dièdre (M4+) permet de déboucher sur une belle arête ensoleillée. Une dernière petite course d'arête permet de déboucher au sommet central du Ferrouillet. Après une pause bien méritée, on descend vers la brèche pour rejoindre le couloir SW qui permet de rejoindre le lac de Crop. Je m'attendais à plus de touffes d'herbes au vu du nom de la voie! J'ai trouvé que la voie se protège assez bien quand on est au niveau. Un jeu complet de friends (C3 taille 00 au n°
3 BD) plus un jeu de cablés est nécessaire (bien prendre des petites tailles voire des ballnuts). Un bon compagnon de cordé, une jolie voie qui débouche sur un vrai sommet dans une belle ambiance. Une bonne recette pour faire une bonne journée!
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Avec les premiers froids de la semaine dernière, je suis parti avec Christophe, non pas à Annot comme récemment, mais au col de la Bataille. C'est une falaise qu'il a découvert l'hiver 1998 en se baladant. Celle-ci ressemblait aux paysages qu'il avait pu voir lors d'un voyage en Écosse. C'est une falaise orientée Nord-Nord-Ouest. Le rocher n'est pas sain, il est parcouru de végétation telles que les fameuses touffes d'herbes. Il ne se grimpe pas en été car il est friable (même style de rocher que celui du Tourniol mais en plus "péteux" ). Les filets de protection au dessus de la route sont là pour en témoigner! Par contre, cette falaise a la particularité, lorsqu'il y a du vent et en période de froid, de se recouvrir de givre opaque. Si le froid est constant, les mottes ou touffes d'herbes qui sont présentes sur la paroi gèlent. Cela constitue de véritables ancrages pour les piolets et crampons. On appelle ce genre d'escalade le Dry Tooling mais aussi "dry touffing" ou encore "escalade sur herbe gelée" (ou mottes d'herbe gelée). Les différents articles de Manu Ibarra sont là pour en témoigner: - Bataille en herbe : http://www.manu-ibarra-alpineguide.com/article-7235490.html - Escalade sur terre gelée : http://www.manu-ibarra-alpineguide.com/article-escalade-sur-terre-gelee-41295438.html - Escalades de St Julien au col de la Bataille : http://www.manu-ibarra-alpineguide.com/article-escalades-du-st-julien-au-col-de-la-bataille-62387035.html - 9 leçons d'alpinisme sur l'herbe du Vercors : http://www.manu-ibarra-alpineguide.com/article-escalade-piolet-alpinisme-herbevercors-97658716.html - Grimpe givrée avant le redoux : http://www.manu-ibarra-alpineguide.com/2015/11/grimpe-givre-touffing-bataille-herbe.html Les premiers couloirs puis des lignes un peu plus dures qui suivent des fissures ont été gravi jusqu'à récemment. Le topo est disponible sur le site de Manu (topo). La difficulté de ce type d'escalade provient essentiellement de l'engagement. Les protections sont parfois difficiles à poser dans ce genre de terrain. Je conseille très fortement de faire appel à un professionnel pour vous y emmener (même si vous avez un bon niveau en grimpe ou en cascade). Matériel : On a bien sûr des friends (avec aliens ou C4 c'est encore mieux), cablés, pitons. Broches à épines et autres ancres à glace peuvent être usités. Des spits ont été rajouté dans certaines voies, ce qui redonnent un coup de boost au moral quelquefois! Analyse des conditions lors de la sortie : dimanche 22/11, les premiers froids arrivent sur le plateau du Vercors après une chute de neige le samedi (15 cm au Grand Echaillon). Le lundi, le vent du Nord a soufflé en rafale, déposant du givre. Mercredi, la neige est de nouveau annoncée. Je prévois de sortir avec Christophe le mardi 24/11 afin de voir quel est l'état des mottes! Ils annoncent un beau soleil et cela fait donc 3 jours qu'il y a des températures négatives, le temps est idéal. Mais la question qu'on se pose est : les mottes d'herbes sont-elles assez gelées? Lors de notre visite (où j'ai oublié mon appareil photo!) et malgré des paysages somptueux (digne du grand nord), les mottes d'herbes ne sont pas assez gelées. Elles se fissurent lorsqu'on s'appuie sur le piolet. Escalades choisies : On décide donc de faire la ligne n°6 (goulotte Chéré en herbe) puis d'enchainer avec la "Traversée des Vieux" avec une sortie par la rampe pour rejoindre la voie n°2 ; deux voies faciles. La voie n°6 est classique, quelques ressaut seulement d'escalade ou de rétas sont nécessaires. Par contre, l'enchainement voie n°1 et n°2 est plus délicate (au vu des conditions rencontrées) mais reste très classe. L'escalade se fait tout en douceur, tout en placement, on ne doit pas tirer trop fort sur son piolet sous peine de fissurer la motte. Les quelques spits nous aident parfois à trouver l'itinéraire (à travers ce dédale de mottes!) Après notre passage, Manu et Christophe sont retournés vendredi observer les conditions après la chute de neige de Mercredi. Malgré que la neige recouvre les mottes (rôle d'isolant), celles-ci n'ont pas eu le temps de continuer à geler malgré le froid. Ils ont pu néanmoins faire la voie n°4 (La Grande Motte), une classique du col de la Bataille. Nous y retournons avec un groupe du club Densité de Valence. Manu, Jérôme, Christophe et moi-même encadrons cette sortie. Notre but étant d'enchainer la voie de la Grande Motte avec Red Cloud qui sort au sommet Nord du Roc de Touleau. C'est une magnifique course alpine qui nous attend. Elle n'a rien à envier à d'autres du même niveau dans le massif du Mont-Blanc par exemple. La difficulté ne dépasse pas le M4+. La dernière longueur est de toute beauté, la grande classe, les mottes là où on les veut, très esthétique, les protections se posent correctement. On poursuit l'arête en direction du Roc de Touleau. La ligne "Red Cloud" se faufile à travers la falaise cherchant l'itinéraire le plus logique et le plus facile. Cette ligne se trouvant plus haut, les mottes d'herbes sont beaucoup plus gelées que dans la Grande Motte, c'est très appréciable. Voici quelques clichés réalisé par Christophe Raillon: Cet itinéraire se finit par une recherche d'itinéraire en plein brouillard sur le Roc de Touleau. Le redoux est annoncé, il faudra attendre un prochain épisode de froid avant d'y retourner. C'est une journée très classe passée en bonne compagnie. Les paysages et l'ambiance sont magiques. Çà vaut vraiment le coup d'y aller (en bonne condition bien sûr) et bien accompagné!
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Juin 2023
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