L'Ecosse m'a toujours intrigué, on m'en a fait des éloges, on m'a dit que les conditions étaient changeantes, difficiles, délicates, qu'il est rare d'avoir du beau temps, qu'on ne sèche jamais...et j'en passe. Il était alors temps de me faire ma propre opinion sur ce pays étrange. Et c'est chose faite en ce début du mois de Mars, période de l'année qui paraissait la plus favorable pour avoir les meilleures conditions. Partis en avion de Grenoble à Glasgow, nous louons une voiture pour rejoindre Glencoe puis Fort William le lendemain. Ce ne fut pas sans mal de conduire à gauche le volant à droite! La concentration était de rigueur même si parfois il y avait des moments d'égarement (surtout après s'être arrêté un moment)! Arrivés à Glencoe, nous voyons le panneau où il est écrit: "National Ice Climbing Center" qui m’interpelle fortement. Direction donc Kinlochleven pour aller voir ce centre de cascade de glace perdu au bout d'un "loch". En entrant dans cette ancienne usine, qu'elle ne fut pas ma surprise de découvrir une salle d'escalade, un magasin de montagne, une bibliothèque, un salon et, non pas des moindres, une salle close réfrigérée où l'on pratique la cascade de glace! Hallucinant et unique en Europe! J'ai donc cogité toute la nuit pour en créer une à Ceillac!!! Le lendemain, nous voilà repartis pour Fort William. Une petite visite de la ville, puis marche de 2h30 vers le refuge CIC à 690 mètres d'altitude, là où nous passerons les 5 prochaines nuitées. Nous sommes bien chargés : matos, nourriture pour 5 jours, duvets, habits... Le Ben Nevis se dévoile au fur et à mesure de notre montée. Nous apercevons des lignes, couloirs, goulottes, cascades, arêtes, pleins d'endroits où aller. Le refuge non gardé est bien situé et sa position réduit considérablement l'approche pour les voies du Ben Nevis. Il est aussi bien équipé pour faire la cuisine. Nous avions emmené des lyophilisés pour chaque repas tandis que les locaux, eux, cuisinaient fort bien. Par exemple, les clients d'un guide écossais avaient pris de quoi faire chacun un repas du soir tandis que le guide avait pour mission de préparer la totalité des déserts et ça faisait envie! Bien installé, c'est parti pour grimper! La grimpe est bien particulière en Écosse. Tout d'abord la glace est difficilement protégeable du fait de sa qualité et de son épaisseur parfois. La glace est tendre, aérée et ressemble plus à de la neige qu'à la glace que l'on connaît chez nous. Les ancrages de piolets doivent parfois servir juste à l'équilibre car si on y tire trop fort dessus. ils risqueraient de fendre la glace! Cette glace, tout comme le rocher est plâtré de neige, très collante. Dans les Gully, ce sont des spindrifts (coulées de neige légère) qui balaient les couloirs. Certaines étroitures sont parfois coiffées de bouchons de neige et on peut donc passer des passages surplombant en glace aéré! Le rocher est quant à lui bien fissuré dans toute les directions permettant de coincer nos lames de piolets. Lorsqu'il y a pas mal de neige/givre sur le rocher, ce qui était notre cas, il faut parfois chercher longtemps un ancrage en rayant le rocher avec son piolets. Il en est de même pour poser des protections, déblayant avec les gants le rocher pour pouvoir faire apparaître une probable fissure ou béquet! Nous avons fait au total neuf très belles courses : principalement des courses d'arêtes et des goulottes (gully). Les conditions lors de notre séjour ne nous ont pas permis de faire des lignes connues comme Onion Direct ou Hadrian's wall car les placages en glace n'étaient pas suffisants (glace humide, inconsistante). J'ai trouvé qu'îl était difficile de bien se protéger, notamment dans les gully où la glace ne permettait pas de poser des broches. Les petits friends sont inutiles car la neige colle les cames et les fissures sont recouvertes d'une fine pellicule de glace faisant glisser le friends! J'ai pas mal utiliser de câblés pour me protéger, viennent ensuite des friends (taille >1), excentriques et sangles pour les béquets. Les sorties de voies sont parfois impressionnantes, notamment avec le passage de corniches. Mais c'est toujours une joie de sortir sur le plateau sommital. Le mercredi, on a réalisé la NE Buttress Ridge sous des conditions très rudes: vent en rafales, neige, brouillard avec visibilité très réduite! Obligés de s'arrêter et de se retourner contre le vent parfois pour éviter que la neige arrachée par le vent fouette notre visage! Au sommet avec le brouillard, obligé de sortir le GPS pour se rendre sur une des descente du Ben : l'Abseil Posts! Rude journée mais un beau combat accomplit pour avoir sorti cette voie sous ces conditions! Contrairement à la veille, jeudi a été la journée la plus belle du séjour. On a pu en profiter pour observer les loch, Fort William et les sommets aux alentours. Quelle ambiance et quel panorama! Connaissant désormais les lieux, je serai ravi de vous y emmener et de vous concocter un séjour en Écosse. Le terrain de jeu est grand, les courses multiples. En tout cas ça m'a donnée envie d'y retourner, pas vous?
3 Commentaires
manu ibarra
20/3/2017 21:23:23
Ah, l'Ecosse...
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antoine
21/3/2017 09:21:01
Bon, mais c'est mieux ou pas que le col de la Bataille ?
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Jérôme Blanc-Gras
21/3/2017 09:25:57
Sympa cet article! Tu n'as pas parlé du whisky...
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